INTELLIGENCE RELATIONNELLE®
La théorie de l’attachement : comprendre nos liens pour mieux se réparer
Quand on vient en thérapie, on ne cherche pas seulement à "aller mieux".
Souvent, sans le formuler consciemment, on cherche à se sentir en sécurité dans la relation.
La théorie de l’attachement, développée par le psychiatre John Bowlby, permet de mieux comprendre comment nos premiers liens façonnent notre manière d’entrer en relation, de réguler nos émotions, et même notre capacité à nous aimer nous-mêmes.
Tout commence dans l’enfance
À la naissance, un bébé est entièrement dépendant.
Pour survivre, il a besoin de figures d’attachement — souvent les parents ou les adultes qui prennent soin de lui.
Quand le bébé pleure, s’agite ou cherche le contact, il pose une question implicite :
"Est-ce que tu es là pour moi, de manière stable et rassurante ?"
Lorsque l’adulte répond de façon suffisamment régulière, douce et contenante, l’enfant intériorise un sentiment de sécurité.
Il développe ce qu’on appelle un attachement sécure, qui lui permet de s’explorer, de faire confiance, et de revenir au lien en cas de difficulté.
Mais lorsque les réponses sont absentes, imprévisibles, critiques, intrusives ou incohérentes, l’enfant développe des stratégies adaptatives.
Ces stratégies ont une fonction protectrice : elles permettent de préserver le lien à tout prix, même si ce lien est instable ou douloureux.
Avec le temps, ces stratégies peuvent devenir des schémas relationnels rigides, qui se rejouent à l’âge adulte — parfois sans qu’on en ait conscience.
Les styles d’attachement à l’âge adulte
Ces stratégies d’adaptation ont été regroupées par les chercheurs en styles d’attachement, qui influencent notre manière :
-
de gérer la proximité ou la distance,
-
d’exprimer nos besoins,
-
de faire face aux conflits,
-
de percevoir l’autre et soi-même.
Voici comment ces styles peuvent s’exprimer chez l’adulte :
Attachement sécure
"Je me sens en sécurité avec l’autre. Je peux être proche sans me perdre. Je peux demander de l’aide."
Ces personnes ont souvent grandi avec des figures présentes, cohérentes, à l’écoute.
Elles se sentent légitimes dans leurs besoins et peuvent alterner entre autonomie et lien sans tension excessive.
Attachement anxieux
"J’ai peur que l’autre me quitte. Je doute de sa présence. J’ai besoin d’être rassuré·e souvent."
Ce style se traduit souvent par une peur de l’abandon, une hypervigilance dans la relation, une tendance à fusionner ou à s’oublier pour ne pas perdre l’autre.
Attachement évitant
"Je préfère ne pas trop parler de ce que je ressens. J’aime garder le contrôle."
Ici, la personne a souvent appris qu'exprimer ses besoins ou sa vulnérabilité n’était pas bienvenu.
Elle peut sembler distante ou fermée, mais il s’agit d’une stratégie de protection, souvent inconsciente.
Attachement désorganisé
"Je veux de la proximité, mais elle m’effraie. Je m’approche puis je fuis."
Ce style peut émerger lorsque la figure d’attachement a été à la fois source de réconfort et de peur (violence, imprévisibilité, maltraitance, confusion).
Le système oscille entre recherche du lien et peur panique de celui-ci.
Pourquoi c’est important en thérapie ?
La manière dont nous avons appris à nous attacher influence profondément notre manière de :
-
vivre nos émotions,
-
demander du soutien,
-
percevoir notre propre valeur,
-
entrer en lien (que ce soit en couple, en famille, au travail ou en amitié).
En thérapie, ces anciens schémas relationnels peuvent être observés, nommés, et transformés.
Le thérapeute devient, pendant un temps, une figure d’attachement sécure : présente, stable, bienveillante, non jugeante.
Ce lien thérapeutique permet alors au système nerveux de :
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s’apaiser,
-
désactiver les anciennes alarmes,
-
vivre une expérience relationnelle nouvelle, réparatrice.
L’attachement peut évoluer
Il est essentiel de comprendre que ces styles ne sont pas figés.
Ce ne sont pas des étiquettes, ni des identités définitives. Ce sont des manières d’avoir appris à faire face à la relation.
Avec le temps, la conscience, la sécurité, et des liens soutenants, le système d’attachement peut se réorganiser.
On apprend alors à faire confiance autrement, à rester en lien sans se perdre, à exprimer ses besoins sans honte.
En résumé
L’attachement, c’est ce qu’on apprend très tôt sur la relation :
"Est-ce que je peux compter sur toi ? Est-ce que je suis digne d’être aimé·e ?"
Comprendre comment ces réponses se sont construites dans l’enfance permet d’éclairer nos difficultés actuelles, mais surtout d’ouvrir un chemin vers une sécurité intérieure plus stable et plus douce.